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Décès de Nagisa Ôshima

Décès de Nagisa Ôshima

 

L’immortel auteur de L’empire des sens n’est plus. Il s’est éteint hier à l’âge honorable de 80 ans, rejoignant dans la mort l’iconoclaste Kôji Wakamatsu (producteur du chef-d’œuvre jusqu’au-boutiste précité). Décidément, c’est une période noire pour le cinéma japonais…

 

Né le 3 mars 1932 à Kyoto, Nagisa Ôshima se dirige à l’adolescence vers des études de Droit et Sciences Politiques, avant de dériver vers l’assistanat-réalisation en 1954 (il décroche le poste alors qu’il accompagnait un ami en vue d’un entretien d’embauche).

 

Multipliant les scénarii et critiques de films (il était très respecté dans ce domaine), il passe à la réalisation en 1959 avec le court-métrage Le soleil de demain, suivi du long-métrage Une ville d’amour et d’espoir.

 

Rapidement, ses vélléités révolutionnaires éclatent dans une série d’œuvres s’opposant au régime en place - telles Contes cruels de la jeunesse (1960), Nuit et brouillard sur le Japon (1960) et Le révolté (1962) -, qui poseront autant de jalons de la Nouvelle Vague japonaise. Un mouvement dont il est considéré comme une des figures de proue, aux côtés du franc-tireur Hiroshi Teshigahara (l’envoûtant La femme des sables, le schizo The Face of Another).

 

Dépassé par l’ampleur de son brûlot Nuit et brouillard sur le Japon, le cinéaste s’était vu forcé de s’orienter vers des œuvres plus personnelles, passant sous le radar du pouvoir politique (Le piège, Les plaisirs de la chair, …) et ce, même s’il partagera jusqu’à la fin de sa vie des rapports conflictuels avec les hautes sphères de l’Etat.

 

Son œuvre-phare, L’empire des sens - à la réputation toujours aussi sulfureuse -, sort en 1976 et suscite toujours autant la polémique. Cette histoire d’amour à mort était parmi les premiers films d’auteur (traditionnels) à intégrer des scènes de sexe explicites et non-simulées à sa narration. L’empire des sens formera plus tard une sorte de diptyque avec L’empire de la passion (alias Fantôme amour, 1978), drame horrifique sur fond de crime passionnel et d’adultère fiévreux (entre un jeunot et une cougar avant la lettre).

 

 

L'empire des sens a conservé son aura scandaleuse et son parfum d'érotisme délétère.

L'empire des sens a conservé son aura scandaleuse et son parfum d'érotisme délétère.

 

Par la suite, Oshima réalisera - entre autres - l’excellent film de guerre hollywoodien Furyo (1983), porté par les stars David Bowie et Takeshi Kitano, ainsi que la comédie Max mon amour (1986), tournée à Paris (en compagnie de Charlotte Rampling, Victoria Abril ou encore Fabrice Luchini).

 

Le maestro nippon renouera avec la mère patrie par l’entremise de sa dernière livraison, Tabou (1999), qui a fait le tour des plus grands festivals internationaux et revêt la forme de l’épopée de deux samouraïs homosexuels au XIXème siècle.

 

So long, Oshima-san…